A force de se contorsionner pour se faire accepter on finit par briser sa colonne vertébrale. L’art ne fait pas profession d’avoir l’échine souple. Moi non plus qui ne suis pas gymnaste.
Toi non plus, peut-être, si tu n’es pas lombric. Je veux rester un étranger.

JE VEUX RESTER UN ETRANGER
Choses incomplètes | Le bien, le mal et autres absolus vite vus

Je veux rester un étranger | Visuel © David Noir
"Je veux rester un étranger" - Visuel © David Noir 2018 - festival Perfs et fracas ! - Mains d'Œuvres - Le Générateur

Un étranger doit-il toujours avoir le nez camus ?

Etranger à tout | Etranger à toi

J’aime l’Eldorado de ma petite dictature imaginaire et je rêve d’un monde où mes imbéciles chéris jamais n’auraient la parole. Mais cette fois-là, je la leur prends ; je la leur donne. En mémoire de nous, en mémoire de toi… En miroir de nous. En miroir de toi.

Envie de dire que ce n’est pas mon monde. Envie de dire que je n’en veux pas de cette convivialité urbaine, civique, sociale de tous les instants après laquelle la vie ensemble souhaiterait paraît-il, courir. Envie de dire que ton partage, valeur obligatoire des temps actuels, m’étouffe. Que ton débat… ah le débat, les idées des autres. En ai-je besoin ? Non je ne crois pas. Je ne ressens rien de cet ordre. J’aspire à la ville non pas morte, mais éteinte et sans regard. La ville translucide, surtout pas rose, ni verte, ni de quelque couleur que ce soit. Le regard qui me respecte est aussi celui qui ne me regarde pas. Et d’une certaine façon, rien de tout cela ne me regarde. Ton excitation festive me met à la limite de la nausée. Il n’y a pas d’identité à suivre le collectif. Je veux rester un étranger.

Dans les lieux sociaux de la mascarade, vous ne faites pas de l’art et encore moins l’y invitez. En vous rendant dans vos espaces de convivialité partageuse, vous le piétinez. Il n’y a que la merde dans laquelle on marche ainsi, sans se rendre compte où l’on a posé les pieds.

A force de se contorsionner pour se faire accepter on finit par briser sa colonne vertébrale. L’art ne fait pas profession d’avoir l’échine souple. Moi non plus qui ne suis pas gymnaste. Toi non plus, peut-être, si tu n’es pas lombric. Je veux rester un étranger.

Perfs et Fracas | Le Générateur | Mains d’œuvres | Conception graphique : Birgit Brendgen
Perfs et Fracas | Le Générateur | Mains d’œuvres | Conception graphique : Birgit Brendgen

 

Aimer l’autre parce qu’il vous aime est la première des lâchetés. Vouloir plaire pour être aimé est la seconde.

Il ne faut pas en demander plus à la nature humaine qu’elle ne peut donner.

Les réponses n’apportent pas de questions nouvelles mais d’autres réponses plus étriquées encore. Le champ d’action d‘un scénario sans oxygène est des plus restreints. Ça paraît tenir debout mais ça n’ouvre sur rien.

Il y partout cet amour farouche de la morbidité, de l’anti-poésie. Enfin presque partout. Je parle de ce qui marche suffisamment pour survivre ; ce qui obtient un relatif succès, ce que certains suivent avec intérêt. Heureusement qu’il y aussi quelques séries, quelques jeux vidéo auxquels on ne comprend pas tout et qui ne se soucient pas d’une apparence de rationalisme pour faire vrai.

Souris cousue | Photo © David Noir
Souris cousue | Photo © David Noir

Refuser est la meilleure des choses qu’il y ait à faire

S’ouvrir n’est pas être gentil bêtement

Adorer est juste être stupide

Dire non c’est prendre de la distance.

Après on verra.

Et encore.

Pas sûr.

Le live audio | Captation

La première des misogynies à abandonner serait peut-être de rompre avec l’idée que les femmes sont belles

Il n’y a qu’à sortir dans la rue pour voir que ce n’est pas spécialement le cas. Pas plus que pour d’autres choses ; les hommes, les chiens, les chats, les arbres. Ou alors tout le monde l’est peut-être. Ni belles ni bonnes, ni moches ni douces. Faudrait dans ce cas que les intéressées renoncent aussi à cette petite légende qu’elles contribuent bien à souhaiter entretenir pour la plupart. Tu me diras, aujourd’hui même les vieux décatis sont beaux n’est-ce pas ? Tout est beau tout est laid et les enfants sont merveilleux, pas vrai ?

Dans cette époque joviale et pleine d’humour, on fait ce qu’on peut pour ingurgiter la silhouette de la mort, mais il y a comme une arrête au passage de la gorge, tu ne trouves pas ?

Allez va ; c’est pas mal mais peut mieux faire. Retourne à l’étude ; débranche ton facebook et réfléchis avec ton seul cerveau dans le silence ; le seul vrai qui existe ; le silence de mort.

Ta complaisance c’est ta connerie, tu te rappelles ?

On voit toujours les lâches se réfugier derrière la loi. C’est une forte habitude que cette attitude rampante passant pour de la citoyenneté. Ça hait les flics et ça vient dire, M’sieur, m’sieur il m’a fait mal. Les collabos sont désormais sur les réseaux sociaux avec leurs ouh ouh punition punition, ah ah ah indignation indignation. Ils sont toujours là où ça crie le plus fort. Mais si c’est pour dire que les méchants sont méchants, y a vraiment pas besoin de réfléchir ou d’être un artiste, engagé comme ils disent. Oui, mais par qui ?

Se prendre pour quelqu’un de bien est la chose la plus inepte au monde, la plus vaniteuse et la plus condamnable de mon petit point de vue.

A ce titre je crois que j’ai plus de sympathie pour les francs salauds que pour les délateurs. Enfin, n’exagérons rien. D’ailleurs sans doute ces seconds sont-ils exactement les mêmes que les premiers en moins couillus ? La pensée parée d’humanisme suinte par-ci par-là en quelques commentaires de révolte qui ne coûtent pas grand-chose, en trois tapotages de clavier sur ordi. C’est comme une goutte de pisse qui ferait son chemin sur la pente d’une vaste cuisse. On verra qui criera le plus fort haro sur le baudet jusqu’à en tirer quelque avantage.

Mais je comprends la peur ; je ne comprends même que ça.

"Tu n’es pas mon projet. Tu n'es pas mon visage" | Je veux rester un étranger | Visuel © David Noir
"Tu n’es pas mon projet. Tu n'es pas mon visage" | Je veux rester un étranger | Visuel © David Noir

Je veux rester un étranger
violence manifeste

Un peu de brutalité dans ce monde de poésie. J’aime l’Eldorado de ma petite dictature imaginaire et je rêve d’un monde où mes imbéciles chéris jamais n’auraient la parole. Mais cette fois-là, je la leur prends ; je la leur donne. Ta complaisance c’est ta connerie, tu te rappelles ? Et ta lâcheté, ton mode de vie. Alors...
$0.99